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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 18:43

573891_Centre-Accueil-Tarze.jpegLe Maire de Grenoble, Michel Destot et les représentants des collectivités partenaires (Etat, Conseil général, Métro) ont inauguré auijourd'hui les nouveau locaux du centre d'accueil d'urgence de l'agglomération grenobloise et du CHRS Henri Tarze, dans le quartier Jean Macé.

Voici le texte du discours que j'ai prononcé à cette occasion, au nom du CCAS de Grenoble :

"Monsieur le député – maire,

Monsieur les vice-présidents du conseil général et de la métro,

Madame la directrice départementale de la cohésion sociale,

Mesdames et Messieurs les élus, chers collègues,

Mesdames et Messieurs les présidents et directeurs, chers partenaires et amis,

Mesdames, Messieurs,

 

Quel privilège que de pouvoir inaugurer aujourd’hui ces nouveaux équipements publics, quand on connaît à la fois leur impérieuse nécessité et la longue attente qui a précédé ce moment, particulièrement pour le centre d’accueil !

Cette longue attente justifie un rapide regard vers le passé.

Le CAM de la rue Durand Savoyat a été construit en 1957 à sa capacité de 55 places, la même depuis 54 ans, donc. Dès 1996, et mes collègue Christine Crifo et Jean-Philippe Motte s’en souviennent certainement, l’état du bâti comme sa non-adaptation aux évolutions des besoins des publics ont conduit le CCAS à initier un groupe de travail inter-institutionnel et inter-associatif qui a réfléchi, bientôt rejoint par le cabinet « Arpenteurs », à un programme qui est validé en 2001 par l’ensemble des partenaires (Etat, CGI, Ville de Grenoble mais aussi Métro qui acte à l’époque la vocation intercommunale du projet). Soit 5 années de réflexion et, au début des années 2000, l’espoir d’une réalisation rapide. Mais la complexité du projet et les contingences liées au bouclage des principaux financements ne rendent possible la production d’un premier APS qu’en 2006, par le cabinet ARCANE mandaté par la SEM Grenoble Habitat, maître d’œuvre du projet. Ce n’est qu’en 2008 que le terrain définitif est acté et acquis par GH, le permis de construire obtenu… tout semble sur le point d’aboutir jusqu’à l’été 2009, date à laquelle la SNCF se désiste du projet dans des conditions qui ne méritent pas que l’on s’y attarde. C’est à ce moment que nous décidons, avec le Maire, Jean-Philippe Motte, l’union de quartier que je veux remercier pour son engagement constant, et après échange avec les professionnels, de maintenir le projet en réalisant la reconstruction du CHRS Henri Tarze qui lui aussi le méritait bien : construit par Actis en 1977, ses 47 places nécessitaient soit une réhabilitation lourde très onéreuse, soit une reconstruction. Il aura fallu la mobilisation exceptionnelle des professionnels du CCAS, tant au siège qu’au sein du CAM et du CHRS, de ceux de GH et de la Ville de Grenoble, la compréhension des partenaires… pour que le projet aboutisse finalement.

Ainsi, le bâtiment que nous inaugurons aujourd’hui est le fruit de 15 années de réflexion, de travail, d’espoirs et de découragements pour les professionnels du CCAS, de GH, comme pour l’ensemble de nos partenaires institutionnels et associatifs, sans parler des usagers.

D’un coût total de 4,7 M€ pour le CAI et de 2,7 M€ pour le CHRS, il abrite, dans des conditions dont vous avez pu apprécier la dignité et la fonctionnalité, à la fois :

Grenoble-20111110-00136.jpg- les 64 places d’urgence du CAI réparties dans 3 espaces de vie (hommes, femmes, familles) ;

- les 47 places d’hébergement d’insertion d’Henri Tarze réparties dans 22 unités de vie, avec un nouveau projet éducatif davantage orienté vers l’autonomie sociale, avec notamment la création de cuisines individuelles et une mobilisation accrue vers l’emploi ;

- 6 des 9 places du dispositif « lits halte soins santé », les 3 autres places étant situées à la boussole, dont le financement est assuré par l’assurance maladie et qui sont autant de places d’accueil temporaire médicalisé pour des personnes qui combinent exclusion du logement et graves problèmes de santé ;

- la gestion du dispositif hôtelier, actuellement occupé par 460 personnes et financé pour deux tiers par le département, pour un tiers par l’Etat ;

- les nouveaux services intercommunaux POHI – SIA, qui organise pour le premier l’orientation des demandes d’hébergement à l’échelle de l’agglomération et qui permet pour le second un accueil et une orientation pour les ménages sans référent social.

Au total, ce sont près d’une quarantaine de professionnels du CCAS qui concourent à ces missions de service public. Je tiens à citer, en m’excusant par avance de ceux que j’aurai oubliés :

- les directeurs successif du CAM, Bernard Pelordet et Christian Chevalier, sans oublier Michelle Buttard qui assure aussi l’intérim de direction du POHI – SIA

- Bruno Montanier pour le CHRS Henri Tarze, Guilaine Dragon pour les LHSS en plus de la Boussole,

- sans oublier ceux qui ont permis cette réalisation au CCAS : Yves Clappier, qui a infatigablement coordonné les efforts de chacun et qui a mis beaucoup de lui-même dans cette réalisation, Pierre Meyer, Anne-Marie Bret et Paul Balestrieri.

Je veux enfin dire ma gratitude à l’ensemble du personnel qui a connu bien des incertitudes, bien des aventures, sur ce projet, et qui est toujours resté mobilisé sur l’essentiel. Nos échanges ont parfois été vifs, les situations ont été tendues. Mais je veux dire que j’ai vu beaucoup de sourire sur les visages lors des déménagements successifs, j’ai vu de l’entraide entre collègues, j’ai vu de la fierté pour les personnes accueillies, à la dignité en quelque sorte retrouvée. Le Maire a souligné à quel point les missions qui sont les vôtres sont difficiles, ingrates, souvent méconnues sinon méprisées. Et pourtant vous être le plus beau visage de l’action sociale, celui de la compétence alliée à des convictions.

J’ai beaucoup parlé du CCAS, alors que nous devons tant à nos partenaires :

-         aux financeurs, évidemment. L’Etat, bien sûr, dont c’est la responsabilité première, mais aussi le conseil général et la Métro, dont la mobilisation a été exceptionnelle, ainsi que la région qui nous a accompagnés sur la construction comme sur le mobilier.

-         aux maitres d’œuvre, et je veux dire ici à Jean-Philippe Motte et Eric Bart notre gratitude vis-à-vis de Grenoble Habitat qui a accompagné le projet dans tout ses revirements, acceptant sans cesse de revoir la copie, avec une pensée amicale particulière pour Bruno Raynfeld. Je veux aussi saluer la qualité du travail du cabinet ARCANE, que chacun de vous a pu apprécier.

-         aux associations qui sont nombreuses à nos côtés parmi nous. Rien de ce qui est fait ici ne pourrait l’être sans le partenariat exigeant que nous avons, qu’il s’agisse du 115 avec Ozanam, du secours catholique, de médecin du monde, de la Relève, de l’Arepi… je ne pourrais pas tous les citer. Je ne veux pas ici oublier les collectifs des bénévoles, Alertes et FNARS, qui portent une dimension militante qui est indissociable du travail social.

Car ce qui nous rassemble aujourd’hui, la force qui a finalement permis à ce projet ambitieux de se réaliser, ce sont les valeurs que nous partageons et que cet équipement fait vivre, même s’il a parfois le sentiment d’être le dernier des mohicans. Ces valeurs du CCAS et plus largement de l’action sociale sont d’abord celle du respect de la dignité de tout individu, la compréhension, la bienveillance vis-à-vis de ses difficultés ou de ses souffrances, la mobilisation de compétences pour accompagner chacun vers l’autonomie sociale, vers l’épanouissement de son projet de vie, dans le respect de sa liberté de choix. Nous sommes bien conscients que ces valeurs, pourtant consacrées dans des lois et traduites dans des droits pour les individus, ne sont pas toujours suffisantes en elles-mêmes. Nous savons la complexité de nombreuses situations, les contingences liées à la violence, au désespoir, à la pathologie. Nous mesurons les nécessités du bon usage de l’argent public. Mais nous ne pouvons taire nos désaccords et parfois notre indignation quand nous assistons à des reculs de la solidarité publique tels que nous apportons, c’est le cas en ce moment même à l’orée de l’hiver, bien plus de réponses négatives que positives, quand la dégradation des conditions d’accueil est organisée, quand ni le droit à l’accueil inconditionnel, ni le principe de continuité dans la prise en charge ne sont respectés. Si cette inauguration est un moment positif qui marque une avancée à laquelle chacun a pris part, y compris l’Etat et je le dis avec clarté, ce répit d’optimisme ne doit pas nous faire oublier la situation inacceptable de l’accueil d’urgence dans notre pays et à Grenoble notamment. Je veux ici redire notre solidarité pleine et entière avec les collectifs associatifs qui ont porté des revendications à la fois justes et raisonnables auprès de l’Etat.

Cet équipement CAI – Tarze, avec le dispositif hôtelier, les LHSS, le SIA et le POHI, est un lieu qui porte en lui les contradictions de notre société. Car s’il concentre beaucoup des souffrances qu’elle produit, il est aussi un formidable producteur d’espoir, par l’engagement de ses professionnels et de ses partenaires. A cet égard, la nouvelle dimension intercommunale du centre d’accueil, l’engagement résolu de la Métro dans l’hébergement, allié au soutien constant du CGI, sont un gage de réussites futures : c’est bien à l’échelle de l’agglomération que doivent se penser les parcours hébergement – logement, tant en terme de création de capacités adaptées que d’accompagnement de parcours sociaux. D’autant que les formes de pauvreté et de précarité évoluent malheureusement : quand le secours catholique nous rappelle récemment l’aggravation dramatique de la précarité des jeunes, c’est la fondation Abbé Pierre qui tire la sonnette d’alarme sur celle de personnes âgées de plus en plus isolées et de plus en plus pauvres. Sans parler des conséquences exponentielles de l’éclatement des structures familiales, de la misère cachée qui se développe à mesure que les droits des résidents résidents ou des demandeurs d’asile étrangers se réduisent… Les défis devant nous sont considérables et nous aurons évidemment besoin d’un engagement sans cesse plus large au plan des territoires et plus collectif dans sa mise en œuvre.

J’ai coutume de rappeler que l’on juge une société à la manière dont elle prend soin des plus fragiles. L’équipement que nous inaugurons ce jour est un lieu d’alterité et d’égalité. D’altérité, parce qu’il permet d’aider celui en a besoin avec davantage de capacité à le faire dans le respect de son intimité, de son intégrité, de sa dignité, bref, de son humanité. D’égalité, parce que tout est mis en œuvre pour que chacun soit ici un citoyen pleinement respecté dans ses droits et dans sa liberté. En ce sens, nous sommes ici au cœur de la République, et ce n’est pas seulement le visage de Grenoble qui est un peu plus beau avec cet équipement aujourd’hui, c’est bien celui de toute l’agglomération.

Je vous remercie de votre attention en formulant un dernier vœu : puissions-nous, autant que nous sommes, conserver cette même capacité, pendant les 15 prochaines années, à vouloir ensemble améliorer la prise en charge des plus exclus !"

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