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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 22:12

Quand la droite est en difficulté, elle puise dans  les vieilles la-droite-c-est-des-75-milliards-d-euros-de-cadeaux-fiscaux.jpgcasseroles qu’elle partage le plus souvent avec l’extrême droite. Ainsi, le terme d’assistanat, qui vient de l’ultra droite libérale et n’existait pas dans le vocabulaire courant il y a seulement 20 ans fait-il dorénavant partie des marronniers de la droite française, qu’elle ressort à chaque saison électorale, surtout lorsqu’elle se sent fragile.

Après la sortie honteuse de Laurent Wauquiez sur le « cancer de l’assistanat », qui comme d’habitude n’avait d’autre but que de tester et de préparer l’opinion, c’est l’encore président de la République qui se lance sans vergogne dans la mise en accusation publique des allocataires de minimas sociaux, présentés comme des fainéants qui vivent au crochet de la société, livrés à la vindicte populaire en enfilant tous les poncifs de la droite extrême dite « populaire » (voir ici la grotesque et productive brigade créée par M. Ciotti : 16 agents pour 10 plaintes !).

La première réponse doit être politique : les premiers fraudeurs de la solidarité publique, ce sont évidemment d’abord les exilés fiscaux, les amis de M. Sarkozy qui profitent du maintien, en ces temps de crise, du bouclier fiscal (800 millions d’euros de coût pour la collectivité), sans parler des plus riches, qui avec la réforme de l’ISF économiseront 1,8 milliards de francs. Au total, le PS chiffre à 10 milliards par le cout annuel du « paquet fiscal » promis par M. Sarkozy aux plus fortunés (voir ici).

Mais le rôle de la gauche doit aussi être de rappeler la réalité sociale, qui est aux antipodes des fantasmes véhiculés par M. Sarkozy et ses amis.

En premier lieu, la fraude aux prestations sociales est marginale.

Voici les chiffres donnés ce jour même par la CNAF sur l’accueil de son site internet, après le très bienveillant slogan « frauder c’est voler, celui qui fraude sera sanctionné » :

-         - 13 114 cas de fraudes ont été enregistrés en 2010 par la Caisse nationale des Allocations familiales, soit 10% de plus par rapport à 2009.

-          - 9 355 sanctions ont été prononcées, soit 18% de plus par rapport à 2009.

-          - le préjudice financier s’élève à 90 149 867 euros, soit 5% de plus par rapport à 2009.

Brrr… notre âme de bon contribuable et d’honnête citoyen frissonne déjà d’indignation !

Sauf que rapportés aux chiffres globaux d’activité de la CNAF en 2010 (trouvés ici), cela donne :

-          - 13 114 cas de fraude rapportés aux 11 281 380 allocataires : 0,12 %

-          - 9 355 allocataires sanctionnés : 0,08 % du total des allocataires

-          - 90 millions d’euros de préjudices sur 60 milliards de prestations : 0,15 % du budget global.

En clair, et même s’il est vrai que la fraude (qui est évidemment inacceptable) n’est pas intégralement repérée, il est communément admis par les scientifiques et les responsables de l’action sociale qu’elle est inférieure à 1 % des allocataires et à 1% des prestations. Il s’agit d’un taux tout à fait remarquable qui montre qu’il s’agit d’une pratique heureusement marginale, et qu’il n’est pas possible de diminuer sauf à augmenter encore davantage le non recours au prestations sociales.

C’est le second argument que le gauche doit porter : le débat sur la fraude masque la réalité sociale du non-recours, qui est au moins dix fois plus importante !

Il suffit se rendre sur le site de l’observatoire du non recours aux droits et aux services (Odenore) ou de l’observatoire des inégalités (ici et ici) pour apprendre par exemple que le taux de non recours au RSA socle est d’au moins 35 %, d’environ 25 % pour la CMU de base et entre 25 et 30 % pour la CMU complémentaire. Il est d’ailleurs proprement consternant que ces chiffres qui témoignent de graves difficultés dans la mise en œuvre de politiques sociales ne soient jamais cités ni par les responsables politiques nationaux ni par les médias.

Au final, et au-delà du commentaire politique sur la mystification honteuse que constitue la dénonciation de la fraude, l’enjeu pour la gauche de porter ces réalités sociales dans le débat public est essentiel. En effet, la droite a largement gagné la bataille de l’opinion depuis au moins deux décennies, comme le montrent les études "conditions de vie et aspirations des Français" du Crédoc qui témoignent du regard de plus en plus critiques de nos concitoyens vis-à-vis de l’action sociale. Comme un symbole, le terme d’assistanat est repris depuis quelques années par des responsables dits de gauche,  permettant aux fantasmes qui nourrissent la concurrence des misères de prospérer tranquillement, alimentant la peur /haine de l’autre. En définitive, si l’on ne combat pas la droite en dénonçant sur le fond les mythes comme la fraude ou l’assistanat sur lesquels elle fonde une partie de son « idéologie du mérite », c’est le crédit de l’action sociale et même la confiance de nos concitoyens dans la République sociale que la gauche laissera détruire.

Soyons donc fiers de nos valeurs, fiers de notre engagement pour la solidarité, ne laissons pas les caricatures scandaleuses brouiller la réalité sociale vécues par nos concitoyens, celle d’une société de plus en plus dure avec les faibles et de plus en plus complaisante à l’égard des puissants.

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commentaires

R
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R
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C
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